Pouvez-vous nous rappeler le rôle d’un service de prévention et de santé au travail auprès des entreprises et salariés ?
S. Garcia : « Notre service se situe à la liaison entre le salarié et le monde du travail, que ce soit pour vérifier l’adéquation du poste de travail avec l’état de santé du salarié que pour accompagner et conseiller de manière individuelle ou collective sur l’environnement de travail à mettre en place ou à améliorer. Cet accompagnement du salarié avant, pendant et après son poste de travail est possible grâce à la pluridisciplinarité de notre équipe : médecins du travail, ergonomes, secrétaires médicales, infirmier/ères du travail, intervenants en prévention des risques professionnels, psychologues et assistante sociale. Le croisement des expertises autour de l’intervention du médecin du travail permet une prise en compte globale de la situation du salarié pour une meilleure sécurisation des parcours professionnels. »
Quelles sont les actions concrètes que votre service peut mettre en place dans le cadre de la prévention de la désinsertion professionnelle ?
S. Garcia : « L’équipe dispose de différents outils pour soutenir les salariés et les employeurs et pour mener à bien ces actions de prévention : rendez-vous individuels, cellule maintien en emploi, ateliers collectifs, accompagnement à l’élaboration du Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels, présence en entreprise… Nous mettons en place petit à petit les nouveautés de la réforme Santé Travail comme le rendez-vous de liaison, visite de mi-carrière, etc. » – En savoir plus : le site du CMIST.
Avez-vous également des partenariats en lien avec le territoire ?
S. Garcia : « Oui, je peux également intervenir à l’externe, lors des Journées Santé-Travail organisées par Présanse et rédiger des articles pour des journaux spécialisés. Nous avons une Web TV, une newsletter et une page LinkedIn qui nous permettent de rendre visibles les projets du service au plus grand nombre.
« Nous avons également développé un projet innovant depuis quelques années, légitimé par les résultats du diagnostic territorial conduit avec le GIST ATLAST* et l’ARACT dans le cadre d’une expérimentation du PRST 3 Occitanie. En 2017, les 45/55 ans représentaient 44 % de la population suivie par le CMIST et les plus de 55 ans, 15%. Ainsi, nous avons mené et nous menons encore aujourd’hui une enquête de territoire pour le repérage précoce des risques de décrochage professionnel sur la population des 45/55 ans. » *(Groupement d’Intérêt Scientifique Âge, Territoire, Liens et Agencements en Santé-Travail).
En quoi consiste ce projet et comment va-t-il contribuer à la prévention ?
S. Garcia : « Ce projet est en partenariat avec le CREAPT, l’INRS, le CIBC Gard-Lozère-Hérault et Service Social Conseil. Cette étude a pour objectif de réduire les risques de désinsertion professionnelle, repérer les signaux de décrochage en mesurant l’impact des conditions de travail et faire évoluer les pratiques des professionnels du service de santé. En effet, au-delà des problématiques liées au travail, il faut tenir compte aussi des spécificités du territoire que ce soit les secteurs d’activité les plus représentés, les populations présentes, leur environnement de vie, l’âge etc. Les premiers résultats obtenus montrent bien l’importance d’agir au plus tôt dans les parcours professionnels. » (bibliographie en fin d’article)
10 ans déjà de collaboration entre Service Social Conseil et le CMIST d’Alès-Lozère autour des problématiques de santé et de la vie professionnelle des salariés reçus. Faisons le point…
Quel est, pour vous, le rôle de l’assistante sociale du travail au sein de l’équipe pluridisciplinaire ?
S. Garcia : « L’assistante sociale du travail qui intervient dans notre service reçoit les salariés suite à l’orientation des médecins du travail principalement. Ces 3 ou 4 dernières années, son action s’est accentuée vers la problématique liée à l’emploi et aux parcours professionnels des salariés et notamment, par l’organisation d’une Cellule Maintien en Emploi. Elle a un rôle important de coordination, de préparation et d’animation de cette Cellule en collaboration avec les médecins du travail et les autres acteurs partenaires : CAP Emploi, le service social de la CARSAT et le CIBC Gard Lozère Hérault.
Comment l’intervention de l’assistante sociale du travail contribue-t-elle à la prévention de la désinsertion professionnelle (PDP) ?
S. Garcia : « Son rôle de coordination lui donne une vision globale des situations et des actions réalisées pour chaque salarié suivi dans la Cellule Maintien en Emploi. Le décret d’avril 2022 vient expliciter son rôle dans la PDP et sa contribution aux actions de prévention primaire, secondaire, tertiaire mises en place dans notre service. Ce travail d’orientation, de recherche de solutions et de mise en réseau avec les autres acteurs de la PDP sur le territoire permet de déployer une action spécifique pour prévenir le plus en amont possible les risques de rupture de parcours professionnels. »
Pour conclure…
S. Garcia : « La santé au travail et plus particulièrement, la prévention de la désinsertion professionnelle est une thématique importante qui se rattache à des enjeux sociaux, sociétaux et économiques actuels. C’est aussi un discours à faire évoluer, comme par exemple le fait que l’inaptitude n’est pas un échec, car cela permet parfois à un salarié de rebondir sur un nouveau projet professionnel, faire un pas de côté, ouvrir le champ des possibles. L’objectif est donc de réorganiser le « qui fait quoi » et d’améliorer le parcours de prise en charge pour soutenir au mieux les salariés et les employeurs dans une démarche commune vers la sécurisation des parcours professionnels. »