Ce mois-ci, nous souhaitons mettre à l’honneur une action de sensibilisation mise en œuvre au sein d’Axens, chez qui nous intervenons depuis plus de 20 ans.

En 2022 et 2023, ont eu lieu plus de 20 sessions de sensibilisation sur les pratiques addictives co-organisées avec le Service Social du Travail. Cette action de grande ampleur nous permet de valoriser la prévention, la complémentarité des acteurs et on l’espère, inspirer d’autres entreprises !

Interview de Bénédicte LEVEAU, RH, Élodie ANDRÉ et Xavier TRIBERT, infirmiers santé travail et de Claire DELAMARE, assistante sociale de notre équipe qui nous partagent cette expérience.

Bénédicte LEVEAU, pouvez-vous nous rappeler la genèse de cette action de prévention des conduites addictives au sein d’AXENS ?

Bénédicte L. : Comme dans toute entreprise nous sommes confrontés aux différentes formes d’addiction : alcool, tabac, drogue, écran, travail …. Lorsqu’Élodie, infirmière au travail de notre service médical, m’a dit qu’elle travaillait sur le sujet pour valider la fin de sa formation, j’ai pensé que ce serait bien, dans le cadre du bien-être au travail de sensibiliser notre personnel aux addictions. Il en va de la responsabilité de tous de se protéger et de protéger ses collègues. Et puis, si nous ne sommes pas personnellement concernés par les addictions, nous pouvons tous avoir dans notre entourage une personne sujette à une addiction. Mieux comprendre le sujet c’est mieux l’appréhender et permettre un meilleur accompagnement.

Élodie E. : En effet, cette action a découlé de ma présentation de fin de formation sur le thème des addictions en entreprise. Comme l’indique Bénédicte, cette thématique l’intéressait également dans le but d’organiser une sensibilisation sur le site afin d’accompagner un changement dans les comportements et de développer la politique de prévention à ce sujet.

Pourquoi avoir associé le Service Social du Travail à cette action ? 

Bénédicte L. : L’idée est venue d’Élodie. Lorsqu’elle l’a suggérée je l’ai soutenue et Claire, notre assistante sociale a tout de suite accepté de relever le défi. Elles ont monté et déployé ensemble la sensibilisation auprès de notre personnel, que j’avais inscrite comme formation obligatoire sur notre plan de développement des compétences.

Elodie E. : Pour moi c’était une évidence d’associer le service social du travail car nous travaillons en collaboration sur beaucoup de sujets et l’addiction est une pathologie qui impacte tous les pans de vie de la personne. Le travail de l’assistante sociale dans l’accompagnement de ces maladies chroniques est aussi important que le côté médical pour le maintien dans l’emploi.

Claire D. : Le service social du travail accompagne les salariés pour un meilleur équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Il est courant que ces difficultés de la vie privée impactent le travail et vice versa. L’addiction est une pathologie cérébrale qui peut avoir de nombreuses conséquences de par son emprise psychologique : délitement des liens familiaux, difficultés de communication sur ce sujet souvent tabou, apparition de difficultés financières pour pouvoir avoir recours au produit ou à l’activité concernée… On constate souvent que cette pathologie impacte en premier lieu le cercle familial et peut par la suite venir impacter les relations de travail ou l’investissement au sein de celui-ci. C’est donc dans le cadre de cette conciliation entre vie professionnelle et personnelle que le travail de l’assistante sociale du travail prend tout son sens.

« Par son approche globale, l’intervention de l’assistante sociale se situe à l’intersection des conséquences de l’addiction ».

Comment s’est organisée cette action de prévention ? 

Bénédicte L. : Le service formation d’Axens a pris en charge l’organisation logistique des sensibilisations. Nous avons établi des plannings d’intervention et les salariés s’y sont inscrits selon leurs contraintes professionnelles. Pour le personnel posté dont les jours de formation sont inscrits de manière fixe dans le calendrier de production, nous avions défini que les sensibilisations aux addictions s’inscriraient dans une journée de formation dédiée à la “santé au travail” avec des actions de formation “gestes et posture”.

Claire D. : La « partie opérationnelle » de l’action a été construite en partenariat avec les infirmiers afin de pouvoir lier les aspects médicaux et sociaux de ce type de pathologie et montrer que ces deux dimensions sont liées : si la situation sociale se dégrade, la situation médicale de santé mentale et physique risque d’en être impactée.

Au niveau de la construction de l’action : 

  • Recherches documentaires sur toutes les dimensions de l’addiction, ses causes, ses conséquences
  • Recueil des moyens de prévention au sein des entreprises et des informations pouvant répondre aux interrogations des salariés
  • Sélection avec les infirmiers des éléments importants à transmettre
  • Construction par l’assistante sociale du support de présentation en lien avec la chargée de communication de Service Social Conseil
  • Recueil d’un témoignage par Elodie André, l’infirmière, d’un salarié du site de Axens Rueil. Celui-ci a évoqué l’addiction d’un de ses proches et des conséquences sur son entourage et sur sa situation sociale et professionnelle.

Au niveau de l’organisation au sein de l’entreprise : 

  • Inscription de ces actions de prévention dans le plan de formation de l’entreprise : tous les salariés du site ont participé à cette sensibilisation.
  • Réalisation de ces actions dans un premier temps auprès des journaliers et dans un second temps auprès de la totalité de la population postée.

Pouvez-vous nous préciser votre rôle dans cette action ?

Bénédicte L. : En tant que responsable des Ressources Humaines du site de Salindres, il était important pour moi d’inscrire dans l’agenda 2022/2023 une sensibilisation aux addictions. Axens, comme toutes les entreprises, n’échappe malheureusement pas au sujet.

« Avec des équipes postées qui travaillent 7j/7 et 24h/24 sur des ateliers équipés de machines imposantes, les conséquences de l’addiction peuvent être extrêmement graves. La sensibilisation que nous avons déployée en interne a également trouvé sa résonance auprès du personnel intérimaire. Les agences d’intérim qui font intervenir leur personnel sur notre site ont saisi cette occasion pour faire venir un camion du FASTT qui est intervenu sur une journée sur le même thème. »

Claire D. : J’ai eu un rôle de coordination sur la construction du déroulé de l’action afin de lier les éléments abordés par les infirmiers et l’aspect social. J’ai construit la trame et le support de présentation. L’idée était également de pouvoir communiquer et d’améliorer le repérage du service social du travail par les salariés. En effet, il est parfois plus facile d’aborder ce type de sujet avec un professionnel externe à l’entreprise, qui plus est, soumis au secret professionnel. Cela favorise le lien de confiance qui permet d’aborder sa situation.

Élodie E. et Xavier T. :  De manière complémentaire à Claire, notre rôle a été d’apporter des explications d’ordre médicale, de répondre aux questions des salariés et de préciser notre rôle en interne.

En quoi les salariés d’Axens sont-ils particulièrement exposés aux pratiques addictives ainsi qu’à leurs conséquences médico-sociales ?

Bénédicte L. : Je ne pense pas que nous soyons plus exposés aux addictions qu’une autre entreprise. C’est un sujet de santé publique et c’est à ce titre que nous nous sommes saisis du sujet.

Élodie E. et Xavier  T. : Tout type de travailleurs peut être exposé aux addictions que ce soit les cadres avec des charges de travail, des horaires et des responsabilités importantes aux postés qui ont un travail physique, des horaires changeants et décalées. Le but était surtout de lever les tabous autour des addictions et savoir repérer les rôles du service médico-social de la plateforme pour aider les personnes qui en ont besoin. Il était aussi important de diminuer les stigmatisations sur ces pathologies chroniques en comprenant mieux les mécanismes.

Claire D. : Les études montrent que le travail a un effet très paradoxal sur les addictions : le cadre de travail permet de pouvoir donner des repères à la personne et de « tenir » l’addiction uniquement dans la sphère privée. Pour autant, les études montrent que certaines conditions de travail peuvent favoriser le développement d’une addiction :

  • charge de travail importante,
  • monotonie des tâches,
  • port de charge,
  • exposition aux secousses et vibrations,
  • poste isolé,
  • travail en plein air,
  • exposition au chaud ou au froid,
  • horaires de nuit, intenses ou décalées

La population postée de l’entreprise est régulièrement confrontée à ce type de conditions de travail. Il est donc important de pouvoir agir en prévention afin d’informer et limiter les risques.

Pour ce type de problématique, quels sont les interlocuteurs ressources pour les salariés concernés ?

Bénédicte L. : Le personnel médical est évidemment le premier interlocuteur. Chez Axens, il travaille très étroitement avec l’assistante sociale du travail, mais également avec la Direction et particulièrement le service RH. Nous sommes vraiment dans une démarche d’accompagnement. Le management peut aussi être un relais. Sa proximité avec les équipes permet éventuellement de détecter des situations d’addiction. Dans ce cas, il doit orienter le salarié vers le service médical.

Claire D. :  Le corps médical externe bien sûr :

  • généraliste,
  • addictologue,
  • psychologue,
  • les institutions médico-sociales spécialisées dans le domaine (CSAPA).

Il y a aussi des interlocuteurs de confiance au sein de l’entreprise pour accompagner la personne concernée pour que le travail ne vienne pas ou le moins possible impacter la pathologie et vice versa :

  • la référente handicap,
  • les infirmiers d’entreprise,
  • le médecin du travail,
  • le manager, le service RH,
  • l’assistante sociale du travail.

Avez-vous d’autres engagements au sein d’AXENS pour la qualité de vie au travail ?

Bénédicte L. : Nous nous efforçons de sensibiliser nos salariés au bien-être, à la santé. Depuis 3 ans, nous organisons des activités sur ce thème lors de la semaine de la QVCT qui se tient en juin. À titre d’exemple, nous avons proposé des ateliers sur le yoga des yeux, l’art thérapie, la médecine chinoise, le taï chi, le sommeil, l’alimentation… Nous avons également formé nos équipes logistique au réveil musculaire. Tous les jours, en début de matinée, un opérateur anime cette séance d’échauffement qui ne dure que 5 minutes mais permet de réveiller et chauffer le corps en douceur.

Élodie E. et Xavier T. : Le service médical est avant tout un service de prévention qui lutte au quotidien pour un maintien dans l’emploi en bonne santé. L’ensemble de nos actions contribue à la qualité de vie au travail, cela passe par les sensibilisations (addictions, handicap) qui facilitent l’inclusion, par l’accompagnement lors de retour au poste ou bien par une écoute bienveillante.

« La qualité de vie au travail ne peut être une action spot mais une bienveillance à tout niveau chaque jour de l’année. »

Claire D. : L’action du service social du travail participent également à la qualité de vie au travail (QVT) de manière globale et en est un acteur incontournable. Il permet d’avoir un interlocuteur et un lieu sécurisant pendant son temps de travail. En tant qu’assistante sociale du travail, j’écoute, j’informe, j’oriente et j’identifie les leviers et les freins de la personne pour l’aider à résoudre ses difficultés de tout ordre, dans le but de mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle.

Pour aller plus loin :

Ces témoignages sont riches d’enseignements et d’éléments inspirants pour donner des pistes à d’autres entreprises dans le cadre d’actions de prévention.

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