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Nous le savons, la pandémie actuelle a de multiples conséquences sur toutes les populations, tout secteur d’activité confondu et le domaine de l’accompagnement social n’y échappe pas. Nous avons choisi pour cet article de mettre en valeur le témoignage d’une assistante de service social de Service Social Conseil qui intervient dans un Institut Médico-Educatif du département du Gard (30).

Q : « Pouvez-vous nous rappeler vos missions dans cet Institut Médico-Educatif ? »

R : J’interviens auprès des familles d’enfants en situations de handicap âgés de 5 à 20 ans. Je suis à l’interface de ce qui se vit au sein de l’institution, à domicile, et dans la vie sociale. Je travaille les passages, du monde de l’enfance vers celui de l’adolescence, puis vers le monde adulte. Je suis quotidiennement en lien étroit avec l’ensemble des établissements/associations du territoire pour faciliter la mise en place du projet personnalisé du jeune accompagné.

Q : « Quelles ont été les conséquences de la crise sanitaire au niveau des accompagnements sociaux ? »

R : La crise sanitaire a obligé l’ensemble des équipes à repenser le travail auprès des familles et de leurs enfants. Nous avons beaucoup travaillé à distance dans un premier temps, puis le présentiel est arrivé assez rapidement, tant le besoin de relation était indispensable. Des changements importants ont toutefois été nécessaires au niveau des modalités d’intervention : des suivis à proximité du lieu de résidence des familles et davantage d’accompagnements individualisés. Nous avons été contraints de réduire les groupes et de réinventer les temps collectifs en très petit comité au sein de l’Institut.

Q : « Avez-vous dû créer de nouveaux outils ? modifier votre pratique au quotidien ? »

R : Le travail que je mène autour de l’orientation des bénéficiaires avec les visites des établissements, les mises en stage et les différentes rencontres, a dû s’arrêter en présentiel. Nous continuions à travailler en partenariat et à faire exister ce lien et ce mouvement, mais rien n’a pu se construire en terme pratique, et cela depuis un an.

Q : « Avez-vous constaté des conséquences sur les situations sociales des jeunes accueillis (perte de sens, perte de repères, peur face à l’avenir)? »

R : En effet, le fait d’avoir été isolés les uns des autres, a exacerbé les fragilités de certains jeunes. Pour plusieurs d’entre-eux, il était question d’une orientation en cours d’année. A ce jour, rien n’a pu s’organiser et cela a créer de nombreuses angoisses. L’incertitude de l’avenir, rend difficile la projection et peut entrainer de la frustration. Cela peut s’exprimer par des conséquences médicales, du repli du soi ou à contrario un besoin extrême d’être rassuré en permanence (sur-sollicitation du service social par les jeunes et leurs parents).

Nous devons veiller à travailler en équipe et poursuivre ce lien constant entre les familles et les structures spécialisées, afin de sécuriser le parcours du jeune. Pour cela, nous échangeons très régulièrement (plusieurs fois par semaine) avec les partenaires concernés. Je suis également à disposition des familles et du jeune, afin que les interrogations et les projections ne soient pas mises à l’arrêt. La question du « passage » fragilise déjà le jeune, car celui-ci est accueilli parfois depuis l’âge de ses 5 ans et a donc effectué son parcours quasi-uniquement au sein de l’Institution. Ainsi, les questions sont nombreuses et les doutes prennent de la place dans le discours de chacun. Notre mission est alors de soutenir leurs projets et d’atténuer les inquiétudes, en insistant sur notre place se situant à l’interface de l’Institution et de l’environnement extérieur.

Q : « Avez-vous constaté des conséquences sur les familles ? »

R : Les familles expriment leurs inquiétudes, quant au fait que les perspectives d’avenirs soient plus incertaines. Nous sommes présents pour dynamiser le projet personnalisé, et transformer certaines informations qui pourraient devenir anxiogènes. Nous poursuivons le travail comme nous l’avons toujours fait, en s’adaptant à la conjoncture actuelle.

Q : « Et enfin, auriez-vous des préconisations sur des actions ou mesures à mettre en place si la situation se renouvelait à l’avenir pour anticiper ces difficultés ? »

R : L’avenir est au centre de l’accompagnement dans la construction du parcours avec le jeune. Cette question est évoquée durant une longue période, avant d’exister comme une expérience. Nous analysons que tant que des visites, des mises en stages, ou des rencontres collectives n’ont pas lieu, le projet est difficilement envisageable car il n’est pas incarné. Le lien est indispensable, et il faudrait peut-être imaginer des visites virtuelles, ou des échanges avec des adultes étant accueillis en établissement, afin de faire exister cette vie future, mais entre jeunes concernés.

« Pour conclure autour de notre intervention durant cette crise sanitaire, nous avons pu tirer des enseignements, et ce qu’il faudra retenir c’est la nécessité de maintenir ce lien de proximité avec l’ensemble des familles. »

Souvent oublié.es dans l’actualité, les assistant.es de service social (ASS) agissent au quotidien auprès de jeunes et adultes ayant besoin d’un accompagnement et d’un soutien spécifique. En prenant ce témoignage en exemple, nous constatons la place essentielle qu’occupe l’ASS en faisant l’intermédiaire entre l’institution, les partenaires et les familles.

Écouter, expliquer, rassurer, soutenir et guider les personnes dans leurs démarches exige une connaissance précise de la réalité vécue par les jeunes, des problématiques sociales, des évolutions législatives et de l’environnement partenarial sur le territoire. Ainsi, cette période de crise sanitaire a demandé une nouvelle fois aux travailleurs sociaux de s’adapter et de rechercher des alternatives dans les solutions proposées aux jeunes et à leurs familles.

Retrouvez en détail nos missions spécifiques dans les centres médico-sociaux et de santé.

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